Sénégal
Social - gouvernance
Cette thématique aborde les aspects liés à leur perception de l’évolution du parc piroguier en PAM, le niveau de qualification professionnelle des pêcheurs de même que leur mobilité quant à la pratique de la pêche.
1- Emploi
Haute Qualif : correspond à la fonction de capitaine, de barreur, de mécaniciens
Moyenne Qualif : correspond à la fonction de cuisinier et de pêcheur
Sans Qualif : correspond à la fonction des aides pêcheurs et des apprentis
Globalement, 31% des pêcheurs du Sénégal peuvent être considérés comme appartenant à la
catégorie hautement qualifiée (capitaines/barreurs ou mécaniciens) et 63% à la catégorie de
qualification moyenne (simples pêcheurs). Les apprentis et aides pêcheurs forment le reste, soit 6%.
Dans les régions où les unités de pêche sont de grande taille (Saint-Louis), la proportion de pêcheurs
hautement qualifiés est faible. La présence de pêcheurs faiblement qualifiés est notable dans les
grands sites des régions de Thiès, de Saint-Louis et de Ziguinchor. En effet, ces derniers composent
essentiellement la main-d’œuvre nouvellement engagée.
La mobilité des unités de pêche est une pratique courante le long du littoral. Elle se fait d’un site à
l’autre, soit à l’intérieur des régions soit vers l’extérieur des régions, voire même à destination
d’autres pays. On note un nombre important d’embarcations (1 153) se déplaçant depuis les sites de
la région de Dakar vers d’autres sites. Les sites déclarant le plus grand nombre de pirogues venant
d’ailleurs sont ceux de la région de Thiès (Kayar, Mbour, Joal). Ainsi, Thiès qui est la principale région
maritime reçoit le plus grand nombre d’unités de pêche en provenance des autres régions. A Fatick,
on observe la même tendance que celle observée dans la région de Dakar avec cependant une
arrivée de pêcheurs beaucoup plus importante. Les départs qui y sont notés semblent avoir comme
destination la Gambie en raison de la proximité de ce pays. Pour le cas de la région de Saint-Louis,
tous les départs qui y sont notés vont vers des sites qui se trouvent hors de la région. La région de
Ziguinchor, par contre enregistre autant de départs que d’arrivées .
2- Mobilité des unités de pêche
Nombre d'unités de pêche qui se déplacent vers d'autres sites (Départ) ou viennent sur des sites (Arrivée)
![]() ![]() ![]() ![]() ![]() [2016-09-30] |
Les phénomènes de migration sont fortement établis au sein des communautés de pêcheurs au
Sénégal. C’est le cas des pêcheurs de la région de Saint-Louis, Dakar et Thiès. La région de Ziguinchor
est marquée par un dynamisme de la petite pêche locale, ce qui fait augmenter le pourcentage de
sédentarité. Elle accueille par ailleurs des pêcheurs venant de Saint-Louis et Thiès.
Une bonne partie des enquêtés ont déclaré ignorer les migrations saisonnières de leurs unités.
Environ 48% des pêcheurs ont déclaré ne pas effectuer de migration contre 36 % qui reconnaissent
les faire, notamment ceux de Louga, de Dakar et Saint-Louis. La proportion de ceux qui ne savent pas
(16%) peut se justifier par une rétention de l’information pour des motifs non élucidés ou du fait que
l’enquêté a une méconnaissance des activités antérieures à son arrivée dans l’équipage.
Dans l’ensemble des régions, il a été noté une évolution haussière du parc piroguier, sauf pour les deux régions estuariennes situées les plus au Sud (Kaolack et Ziguinchor) où les parcs piroguiers sont perçus comme stables ou faiblement en hausse. La croissance du parc est fortement ressentie dans les grandes régions de pêche que sont Saint-Louis (85% de sites en hausse) et Dakar (85% de sites en hausse).
3- Gouvernance
Les Organisations socio professionnelles
L’enquête cadre a relevé que toutes les régions maritimes sont pourvues d’organisations socio-
professionnelles (OSP). Les métiers de la transformation et du micro-mareyage sont particulièrement
bien pourvus en OSP. Les femmes sont plutôt portées par ces deux types d’activités post-captures.
On rencontre également des OSP chez les pêcheurs, les mareyeurs et les autres métiers de la pêche,
mais de façon moins systématique. L’existence des OSP est le reflet d’une bonne organisation de la
filière pêche et pourrait traduire une bonne gouvernance locale qui permet de mieux gérer les
conflits éventuels et de capter les différents appuis provenant de l’Administration des pêches et des
ONG. Parmi l’ensemble des régions, c’est la région de Thiès qui présente le plus fort taux de présence
des OSP de tous les métiers, y compris le métier de pêcheur (70% des sites pourvus). A l’inverse, les
pêcheurs des régions de Saint-Louis et Ziguinchor apparaissent moins souvent organisés en OSP
(environ 42% de sites pourvus en OSP pour ce métier).
Les groupements interprofessionnels constituent l’essentiel des organisations socio-professionnelles.
Ces derniers ont remplacé progressivement les coopératives de pêche dans le secteur.
Dans la plupart des régions, les organisations traditionnelles continuent de jouer un rôle notoire dans
la gouvernance locale
Règles de gestion
Au niveau de la région Thiès, tous les sites ont au moins une règlementation locale. Malgré une
percée de la règlementation locale des pêches dans les sites des autres régions, on note un déficit
d’encadrement juridique dans certaines localités, particulièrement à Kaolack (81%), Louga (75%),
Ziguinchor (65%) et Saint-Louis (42%). Le niveau affiché de la réglementation dans certains sites du
Sénégal est le résultat des efforts de l’Administration des pêches. En effet, depuis 2005, l’Etat du
Sénégal a favorisé la création de structures permettant la gestion participative des ressources
halieutiques avec l’instauration des Conseils Locaux de Pêche Artisanale (CLPA).
Il ressort de cet indicateur que les conflits sont concentrés au niveau de l’activité capture, soit entre
groupes de pêcheurs artisans, soit pêcheurs artisans opposés à la pêche industrielle. Les conflits
entre pêcheurs artisans sont plus fréquents dans les régions de Thiès (76%), Dakar (61%), Ziguinchor
(57%) et Louga (50%). L’augmentation du parc piroguier combinée à la fréquentation des mêmes
zones de pêche, à la rareté des ressources, à la diversité des techniques de pêche et à
l’accroissement de l’effort de pêche (nombre de sorties, nombre d’engins, ...), constitue
probablement une source d’exacerbation de ces conflits. Des conflits entre les pêcheurs artisans et
industriels sont également signalés dans ces mêmes régions. Les incursions des navires dans la zone
réservée à la pêche artisanale, ainsi que la faiblesse de la règlementation qui ne fixe pas de limites au
large pour cette même pêche artisanale, caractérisent le profil des conflits entre pêcheurs artisans et
industriels. Les zones estuariennes sont évidemment beaucoup moins concernées par les conflits
avec la pêche industrielle. Quant aux conflits entre pécheurs artisans et commerçants-
transformateurs signalés au niveau de tous les sites, le non-respect des engagements commerciaux,
pour la plupart informels entre les parties, semble être à l’origine des différends.
4- Divers
Pollutions
L’érosion côtière et la pollution sont respectivement les deux principaux facteurs contribuant à la
dégradation de l’environnement au niveau des différents sites des régions de Dakar, Saint-Louis,
Thiès, Fatick, Kaolack, Ziguinchor et Louga. La coupe de palétuviers, signalée au niveau des régions de
Ziguinchor (35%), Kaolack (26%) et Fatick (23%), constitue une menace pour la durabilité de
l’exploitation de certaines activités, notamment l’ostréiculture. Il est habituellement noté que le bois
de palétuviers est utilisé comme bois de chauffe et dans les constructions d’habitation en zone
rurale.
La pollution industrielle affecte seulement Kaolack, Thiès et Dakar où une importante activité
industrielle est notée. La place considérable de la pollution industrielle plus visible à Kaolack est liée à
la concentration d’industries (huilerie) le long du bras de mer dont la capacité auto épuratoire est
très faible. Les déchets ménagers, les activités de pêche et les eaux usées, polluent au même titre les
sites. La part de pollution liée à l’activité de pêche et à la transformation du poisson est plus
importante dans les grands centres de pêche, notamment à Saint-Louis.
Quelle que soit la région, la proportion de pirogues équipées de moteur de secours ne dépasse
jamais 50%. Ce sous-équipement est particulièrement notable à Fatick (71% des unités sont sans
moteur de secours), Kaolack (65%) et Thiès (61% des unités). En revanche, la présence d’un
deuxième moteur est plus fréquente à Dakar, à Ziguinchor et surtout à Saint-Louis (50% avec
moteurs de secours), ce qui peut s’expliquer par la durée des marées de pêche et la taille de
certaines unités (senne tournante et ligne glacière).
La proportion d’unités de pêche ayant subi des accidents est plus importante dans les régions de
Saint-Louis (64%) et Dakar (60%). Pour les régions de Thiès, Louga et Fatick, le pourcentage
d’occurrence des accidents est relativement moins important avec respectivement 35%, 35% et 32%.
Sécurité
La panne de moteur est le principal accident dans l’ensemble des sites. Quant aux naufrages, ils sont
plus fréquents dans la région de Saint-Louis du fait des conditions difficiles de navigation, notamment
au niveau de la barre et de la brèche de Saint-Louis. Par ailleurs, la déperdition de la transmission des
connaissances empiriques (techniques de navigation, identification des zones dangereuses,
comportement global...), aux jeunes pêcheurs et l’arrivée de pêcheurs inexpérimentés en
provenance des zones intérieures constituent, entre autres, des éléments à considérer dans
l’occurrence des accidents. Les intempéries sont loin d’être négligeables malgré la sensibilisation, les
diffusions des alertes par les services de la météorologie ainsi que la fourniture d’équipements de
sécurité. Elles sont importantes à Dakar, à Saint-Louis, à Thiès et à Ziguinchor.
Les pêcheurs sont majoritairement équipés en matériel de sécurité. On note une large utilisation
d’équipements modernes à bord des unités de pêche (le GPS à 75%, le téléphone mobile à plus de
85% dans toutes les régions). La présence du gilet à bord des pirogues est le résultat du
renforcement de la politique de l’Etat en matière de sécurité (campagnes de sensibilisation,
subvention des gilets, contrôle du port de gilet par les services, etc.). Durant ces dernières années,
malgré l’usage déclaré d’équipements de sécurité, il est noté en moyenne 95 décès par an dus aux
accidents (source : Direction de la Protection et de la Surveillance des Pêches). La région estuarienne
de Kaolack est moins équipée en matériel de sécurité.
En savoir plus
Citation :
Fiche Sénégal,
UEMOA (2014) : Atlas UEMOA des pêcheries maritimes artisanales de l'UEMOA. Programme régional de renforcement de la collecte des données statistiques des pêches dans les Etats membres - © 2015. http://atlas.statpeche-uemoa.org/atlas_ecpma/
Coordination générale : Maria Luisa Ferreira, Directeur des Ressources Animales et Halieutiques, Département de la Sécurité Alimentaire, de l’Agriculture,des Mines et de l’Environnement ( DSAME), Diegane NDONG, Chargé des Ressources Halieutiques
Système d’information et équipe d’experts d’appui : Jérôme Guitton, Pierre Morand, Pierre Chavance, Carole Escaravage, Mohamed Soumah et Nolwenn Cozannet
Fiche expertisée par:
Oumar Fadiaba